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Une série française tente d’ébranler le DRS

Bureau-700x357« Les personnages et les situations de cette série étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite », c’est bien par un mensonge que débute Le bureau des légendes, la nouvelle production de Canal +.

Mensonge, car si du côté français, les noms des personnages et leurs pseudos sont fictifs, ils ne le sont pas du côté algérien. Oui, cette série parle de l’Algérie ou d’une guéguerre des services entre Paris et Alger, sur fond d’entente cordiale et de négociations inter-syriennes.

Ce n’est peut-être pas innocent, mais lors de son premier passage sur la chaîne à péage française, elle fut immédiatement suivie d’une rediffusion d’un vieux numéro de Spécial Investigation traitant des moines de Tibehirine. Le décor est donc planté, dès le départ le téléspectateur sent que l’on parlera « kitukisme » ou, du moins, de la complexité de la galaxie sécuritaire algérienne.

Et pourtant, les scénaristes ont fait le contraire, ils ont préféré céder à la facilité de donner des noms d’officiels notoires de l’armée ou du Département de Département du Renseignement et de la Sécurité, que de coller à la réalité.

D’ailleurs « Le DRS » devient vite « La DRS », les prérogatives des différents services s’entremêlent et on assiste même à l’apparition de services parallèles mais tout aussi « officiels » qui kidnappent ou qui négocient avec les terroristes.

Le plus étonnant, c’est que ces derniers ne sont jamais appelés par un autre nom que salafistes, y compris ceux de l’Etat Islamique, qui n’ont, selon les scénaristes, même pas la qualité de combattants.

Du point de vue de l’histoire, les auteurs ont repris les codes de la série américaine The Americans. Amours interdits entre agents de nations rivales, agents doubles, d’autres qui manipulent la vérité en leur faveur et enfin des patriotes et des traitres à foison. Le tout avec l’esprit The Americans qui consiste à ne jamais diminuer de la qualité intellectuelle et opérationnelle de l’ennemi.

On verra donc le jeu de « maîtres espions » algériens, syriens, américains et russes et les compétences de leurs exécutants, tant en Algérie qu’à Paris.

Incohérences

Sur les dix épisodes que constitue la saison 1, nous avons pu relever de nombreux couacs et incohérences :

 

– Si la France utilise un satellite pour capter le nuage GSM d’Alger, elle ne peut le faire en permanence car elle ne dispose pas de satellites géostationnaires couvrant uniquement l’Algérie. A moins qu’il ne s’agisse du piratage de l’ensemble des opérateurs téléphoniques par des moyens autres que satellites.

– Pourquoi s’évertuer à trouver des patterns dans une ville où cohabitent 5 millions d’abonnés au GSM comme Alger et ne pas le faire à Bordj Badji Mokhtar pour repérer des terroristes ?

–  Comment imaginer un dispensaire géré par des Français ayant un look d’anciens militaires (portant des blouses blanches amidonnées) à quelques encablures de Tindouf, sachant que cette zone est considérée comme militaire ?

–  Comment imaginer que les Américains et les Français puissent oser mener une opération aérienne héliportée dans une région de l’Algérie infestée de défenses anti-aériennes ?

–  Comment imaginer qu’un groupe terroriste fasse 1 000 Km à l’intérieur de l’Algérie, en se dirigeant vers l’endroit le plus militarisé du pays ?

– Du moment que le convoi terroriste a été localisé à Bordj Badji Mokhtar, à quelques encablures du dispositif français au Mali, pourquoi, laisser le convoi partir à l’opposé ?

– Un officier supérieur qui répond à un message sur Facebook, provenant d’une inconnue, passons, mais de là à ce qu’il puisse être convaincu que c’est son supérieur hiérarchique au point de transmettre à un inconnu la liste totale de ses sources, c’est totalement risible.

– Même si les contacts inter-agences sont autorisés dans un cadre officiel, il est très difficile d’imaginer un officier du DRS se faire accoster par un confrère de la DGSE de manière publique pour se faire inviter à sortir dans un bar.

– Il est totalement impensable qu’un agent de renseignement syrien, probablement des services secrets de l’armée de l’air, puisse se rendre à l’ambassade de Jordanie à Paris pour obtenir des informations sur un supposé agent français. La Syrie et la Jordanie, sont en guerre depuis le début des troubles au Cham.

– Passons sur la prise de tension à la va-vite d’un espion en exploitation, sans utilisation d’un stéthoscope, qui du point de vue opérationnelle aurait pu casser la fausse exploitation…

Compétences et complexes

Tout n’est pas noir dans cette série au rythme haletant. D’abord, le jeu d’acteurs d’un très bon niveau, l’intrigue en elle-même, une certaine honnêteté intellectuelle envers les compétences des services algériens et syriens, même si elle est imputée à la formation KGB et enfin le caractère inédit sur cette lucarne ouverte sur la DGSE.

Une agence de renseignement moderne, très efficace, mais hantée par les vieux démons de la guerre froide et le poids technologique écrasant des Américains qui parasite ses actions.

A noter la belle performance de l’immense Hacene Benzerari,  qui a joué le rôle d’un ancien maître espion du DRS qui est allé loin pour assouvir une vengeance personnelle. Un acteur qui méritait depuis longtemps sa place au soleil.

La saison 2 de la série Le bureau des légendes semble s’orienter vers un scénario syro-iranien et laissera probablement le DRS en paix.

 

In Impact24.info

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