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La lente révolution de l’artillerie algérienne

Elle a été pendant ces dix dernières années le parent pauvre du programme de modernisation de l’armée algérienne, l’artillerie algérienne a connu une année 2017 importante qui verra une véritable métamorphose.

Contrairement au Maroc ou à l’Egypte, l’armée algérienne n’a jamais mis l’artillerie dans ses priorités. Intégrée dans les brigades, puis divisions blindées et mécanisées, les régiments d’artillerie se composaient généralement d’artillerie tractée, essentiellement des canons D30 de 122 mm et ML 20 de 152mm soviétiques, dont on retrouvait les canons sur les automoteurs d’artillerie 2S1 Gvozdika et 2S3 Aktsiya. De lance roquettes multiples BM14 et surtout BM21 Grad de 122mm.

L’Algérie a aussi essayé entre les années 60 et 80 les missiles sol sol, essentiellement le Luna-M et même le Scud A offert par l’Union Soviétique pensant que l’ANP allait suivre la mode de l’époque.

Sur le terrain, ces systèmes n’ont eu qu’une fonction marginale et n’ont jamais été intégré à la doctrine de l’armée de terre. Leur plus gros défaut étant leur manque de précision pour une utilisation tactique contre une logistique lourde impliquant une préméditation dans l’utilisation et donc une utilisation offensive, ce qui n’a jamais fait partie de la doctrine de l’ANP.

Le besoin en artillerie s’est fait ressentir au plus fort de la guerre contre le terrorisme tout au long des années 90 lors de la création de groupes de combats autonomes pour traquer les groupes armés et pour ratisser les maquis du Nord du pays. A cette époque les régiments d’artillerie ont été disloqués et réaffectés. Le besoin en artillerie était tel qu’en 1997, des missiles anti-navires P15, modifiés localement avait été utilisé contre des groupes terroristes 150 Km à l’intérieur des terres. Une frégate légère Nanushka avait tiré une salve de missiles contre un camp terroriste au Sud de la ville de Relizane, à partir du large d’Oran.

Cette situation démontrera à l’ANP, l’important rôle de l’artillerie dans la guerre anti-insurrectionnelle, par opposition à celle du char lourd qui connaîtra un rôle très limité dans la lutte contre le terrorisme.

C’est au début des années 2000 que l’artillerie entamera la lente mue avec deux objectifs, gagner en portée et en précision.

La BCL se chargera de la modification du BM21 qui gagnera 30% de portée et sera entièrement automatisé. Il sera en plus installé sur un châssis SNVI M240, blindé, qui permet une meilleure mobilité et d’assurer un meilleur maintien en condition opérationnelle.

Idem pour l’achat en urgence du BM30 Smertch de 300 mm, qui porte à 100 Km, qui est intervenu à la fin des années 2000.

S’en suivra une étape intermédiaire qui consistera en la modernisation des Akatsiya et des Gvozdika, en incorporant des systèmes de tir modernes permettant une meilleure coordination et des tirs plus précis et l’introduction de munition à guidage laser Krasnopol en 152 mm et Kitolov-M2 pour 122 mm. Ce qui a permis de convertir l’ensemble du parc de canons aux munitions intelligentes.

Un nouveau choix décisif s’imposera à la fin des années 2000, rester sur le calibre 152 mm russe ou passer à une munition plus conventionnelle et internationale la 155 mm. Les forces terrestres décideront d’aller vers le 155 mm pour avoir plus de choix de fournisseurs, la compétition dans cette catégorie étant très forte.

L’Algérie se tournera vers la Chine et Norinco en optant pour le canon tracté automouvant ASH-1 (utilisé aussi pour l’artillerie côtière), puis pour l’automoteur d’artillerie Type 54. Les deux sont capables de tirer des Krasnopol ou des obus chinois GP 1 et GP 6 à guidage laser.

L’ensemble de ces systèmes d’artillerie modernes disposent de systèmes C2, de navigation GPS et inertielle, de systèmes de guidages performants et de radars de contre-batteries.

C’est Norinco qui fournira aussi le nouveau lance-roquettes à double calibre SR 5 (122 et 220 mm), qui entrera en service en 2017.

Pour boucler la boucle de l’artillerie automotrice, l’armée algérienne optera pour le canon sur camion serbe Nora B52, ayant les même capacités que le reste des canons déjà en service.

En matière de lance-roquettes multiples, l’Algérie complétera son arsenal en 2015 en optant pour le TOS-1 qui tire des roquettes theromabariques de 122mm.

2017 sera aussi l’année de l’introduction du missile balistique Iskander au sein de l’artillerie algérienne et la reconstitution de régiments de missiles sol-sol.

Enfin, l’industrie militaire locale a aussi remédié aux besoins des groupes de combats autonomes en récupérant les vieux canons tractés D30 et en les adaptant sur des châssis de camions Mercèdes Zetros. Le système, conçu par la Base Centrale Logistique de l’ANP, ajoute un système télécommandé du canon, avec un positionnement GPS et inertiel du véhicule et un camion de ravitaillement en munition.

Ce système servira à des utilisations d’appoint pour les besoins de patrouilles lourdes ou des positionnements avancés dans le désert, ou pour les groupes de lutte autonomes, sans perturber l’organisation des divisions blindées et mécanisées.

Enfin, un nouveau véhicule est prévu en 2018 pour les forces terrestres, il s’agit du RG31 Agrab MK2, mortier mobile de 120 mm, qui utilise une technologie sud-africaine mais qui est fabriqué aux Emirats-Arabes Unies.

Avec cette acquisition, l’armée de terre algérienne aura terminé son cycle de modernisation et de renforcement et donnera de nouvelles perspectives à la doctrine d’emploi.

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