De Valence à Derna : les armées méditerranéennes à l’épreuve des catastrophes

Les 2 et 3 juin 2025, la région de Toulon en France a accueilli un symposium d’envergure réunissant les chefs d’état-major d’armée de Terre ou leurs représentants issus de 15 pays méditerranéens. Ce rendez-vous, organisé dans le cadre de l’initiative “Flanc Sud” co-construite par la France et l’Italie depuis 2023, s’est tenu sous le thème : “La Méditerranée, un espace de coopération terrestre”.

Il visait à consolider une dynamique collective de dialogue stratégique, face à un environnement régional marqué par des défis sécuritaires multidimensionnels : migrations, catastrophes naturelles, menaces cyber, trafics illicites, conflits et enjeux de puissance. Le symposium a ainsi permis de poser les bases d’une solidarité militaire concrète et régionale.

La coopération militaire à l’échelle méditerranéenne s’articule autour de quatre piliers : la formation, l’entraînement, les capacités et le rayonnement.

Chaque année, la France accueille des officiers étrangers dans ses lycées militaires et ses écoles de guerre, tandis que certains officiers français bénéficient d’une formation chez leurs homologues. Des coopérations capacitaires ont aussi été mises en avant, comme l’exportation du canon Caesar vers plusieurs pays partenaires.

Lundi, les délégations ont échangé à Brignoles, où elles ont assisté à des présentations stratégiques. Mardi, les discussions se sont poursuivies dans le cadre bucolique mais hautement sécurisé de la Rocabella, au Pradet. Le symposium comprenait également une séquence sur le porte-avions Charles de Gaulle, symbole du lien entre actions en mer et coopération terrestre.

Des tables rondes axées sur les menaces et la jeunesse

Quatre tables rondes ont structuré les discussions :

• L’avenir de la Méditerranée dans dix ans
• Les menaces hybrides et cyber
• L’aide humanitaire et les secours d’urgence (HADR)
• La jeunesse et la cohésion nationale

Lors de la table ronde sur l’aide humanitaire, le général espagnol Lanchares a partagé l’expérience de la DANA à Valence (228 morts), insistant sur la chaîne de commandement et la réactivité. Le général Sadam Haftar a évoqué la tempête Daniel en Libye (11 500 morts), saluant la solidarité internationale comme indispensable.

Concernant la jeunesse, le général italien Carmine Masiello a plaidé pour une armée ouverte aux jeunes : « Les idées n’ont pas de grades. C’est le moment de faire ce saut, de sortir de la stagnation intellectuelle. »

Un message politique fort

Pour le général français Pierre Schill, ce symposium répond à une impératif clair : ne pas se focaliser uniquement sur les menaces de l’Est mais traiter celles du Sud, souvent négligées. Le colonel Bouju a d’ailleurs rappelé que « la coopération commence en mer, mais se conclut à terre ».

Il est à noter l’absence de l’Algérie à ce symposium, une absence probablement liée à la présence de la LNA, non reconnue internationalement et à cause de la crise que traversent les relations entre l’Algérie et la France.

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