Accueil 5 Algérie 5 Yazid Dougha s’est envolé… une dernière fois

Yazid Dougha s’est envolé… une dernière fois

Ce matin, Yazid nous a quittés. Il a rejoint ce ciel qu’il contemplait tant, ce royaume silencieux où les rêveurs bâtissent des ailes. Son corps, meurtri par le crash survenu hier soir dans son village natal de Ouled Mansour, près de M’Sila, n’a pas tenu. Mais son esprit, lui, avait déjà pris son envol depuis longtemps.

Yazid était un ingénieur en électronique, mais surtout un passionné d’aviation, un de ces artisans de l’impossible que rien ne détourne de leur rêve. Il avait commencé par le parapente, puis s’était tourné vers le paramoteur, allant jusqu’à construire lui-même ses appareils, pièce après pièce, dans son modeste atelier.

En début d’année, il s’était lancé dans un projet encore plus fou : fabriquer de ses propres mains un avion ultraléger biplace. Le 30 mai dernier, cet avion avait pris les airs, porté par la foi, l’ingéniosité et la sueur de son créateur. C’est ce même appareil qui, hier soir, lors d’un vol d’essai, l’a trahi.

Oui, son avion n’était pas homologué. Non pas par négligence, mais faute de cadre, de procédures, d’un système qui sache reconnaître et encadrer ces élans de génie. Mais Yazid n’a pas attendu l’autorisation de rêver. Il a osé. Il a créé. Il a volé.

Yazid, ce n’était pas qu’un inventeur. C’était un père. Un époux. Un homme discret avec une grande famille à charge. Il veillait aussi sur un enfant en situation de handicap, avec la même patience qu’il mettait à ajuster un moteur ou à dessiner une aile.

Ils sont des milliers comme lui en Algérie et au Maghreb. Ils ne demandent ni subventions, ni faveurs. Ce qu’ils espèrent, c’est qu’on leur ouvre les portes de la connaissance, qu’on leur donne accès aux technologies, aux locaux, à un minimum d’infrastructure. Et surtout, qu’on reconnaisse leur travail, qu’on facilite leur homologation, qu’on leur donne une place dans l’économie nationale.

Yazid Dougha avait 50 ans. Il n’était pas un rêveur fou. Il était un pionnier lucide. Et aujourd’hui, son départ nous laisse face à une question : combien d’autres Yazid devront tomber avant qu’on apprenne à les reconnaitre à leur juste valeur ?

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