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Cyber-djihadisme, qu'en est-il de l'Algérie?

ee3ba36f11bfd01b665c135aed9b3c2aBien qu’ayant précédé la généralisation de l’utilisation d’internet en Algérie, le terrorisme islamiste a très vite, et dès son apparition, pris le train de la Toile pour ses communications, son recrutement et ses actions de propagande.

A la fin des années 1990 et début 2000, ce sont les forums de discussion sur le djihadisme qui pullulent. Hébergés gratuitement par des sociétés de service internet partout dans le monde, ces forums servaient à AQMI à recruter des hommes, à collecter des fonds et à assurer le minimum en termes de communication et de propagande.

A cette époque, Al Qaïda, mouvance hyper-décentralisée, avait besoin d’une masse critique pour exister médiatiquement et organiser la violence sur le terrain.

Pour cela, elle a transformé les forums djihadistes en véritables universités du terrorisme, en fournissant des manuels de guerre asymétriques, de fabrication de bombes, des outils de cryptage des communications, des vidéos de «motivation», des périodiques d’information tels que Inspire et des incitations au passage à l’acte pour les loups solitaires nichés en Occident.

Très surveillés par les autorités, ces forums ont eu l’impact négligeable que l’on sait sur la population algérienne. Ce n’est qu’aux alentours de 2010 et l’explosion de facebook en Algérie, que l’audience des groupes djihadistes a pris de l’ampleur.

Pis, ce n’est que vers 2012, qui coïncide avec le déclenchement des révolutions arabes, qu’une identité algérienne a émergé sur les réseaux sociaux, facebook en particulier.

Des groupes de jeunes de différentes tendances sont sortis du néant, parfois à la recherche du sensationnel, et se sont mis à partager des vidéos ou des photos d’exactions dans différents pays arabes, au gré des soutiens et des oppositions. Un terreau violent s’est donc lentement installé dans la planète facebook algérienne.

En parallèle, le monde a assisté, quasi impuissant, à la chute de Mossoul, en Irak, aux mains de Daech et l’instauration, en juin 2014, de l’Etat islamique (EI), un califat de l’horreur, dont les sbires ont pris le relais d’Al Qaïda sur la Toile et ont transformé les réseaux sociaux en un catalogue de crimes de guerre plus qu’autre chose.

L’Etat islamique, qui n’est pas dans une stratégie de loups solitaires, se concentre sur trois points essentiels dans sa communication sur les réseaux sociaux : susciter la hidjra vers l’Etat islamique et le renforcement des effectifs, communiquer sur le caractère régalien de cet Etat terroriste (fabrication de monnaie, maintien de l’ordre, maintien d’un semblant de service public…) et enfin diffuser une propagande dans le maximum de langues et de formats possibles (webradios, web-TVs, magazines…).

Propagande

Pour ce faire, l’accent a été mis sur le réseau social Twitter, qui permet très vite aux djihadistes de diffuser et sans barrière aucune l’information. Par contre, c’est sur facebook, qui permet les longs échanges et un certain degré d’anonymat, que Daech recrute en Europe et dans les pays arabes. Au Moyen-Orient, ils sont des millions à utiliser Twitter, ce qui explique que 50 et 70 000 comptes, directement affiliés à Daech, diffusent la propagande de l’Etat islamique.

 

Et malgré les efforts des gouvernements pour faire fermer tous ces comptes, la masse critique qu’ils ont atteint leur permet de se régénérer. Ils trouvent même des alliés involontaires chez les «Djihad Watchers», cette constellation d’amateurs, d’anciens militaires ou d’espions ou de journalistes, qui participent au relai des informations. Très récemment, l’un d’eux a été obligé de s’excuser sur Twitter pour avoir heurté la sensibilité des Algériens, en diffusant les images des soldats tués dans l’embuscade de Aïn Defla.

Certains experts et chercheurs expliquent le faible rendement des réseaux sociaux dans le recrutement de djihadistes algériens, comparativement aux Tunisiens, Libyens ou Marocains qui sont 20 à 30 fois plus nombreux, par la fonte du réservoir terroriste en Algérie, mais aussi par une plus grande maturité vis-à-vis de cette violence.

Pourtant, d’autres experts affirment qu’au niveau de la société algérienne et des médias, beaucoup de messages conduisant à la radicalisation sont tombés dans le domaine du banal. Des campagnes, souvent très agressives, à l’encontre de minorités religieuses ou des femmes, ont été très largement diffusées et partagées à travers les réseaux sociaux, mais aussi des médias écrits ou audiovisuels dans l’indifférence totale des autorités.

 

Paru dans EL WATAN WEEKEND

 

 

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