Haftar achète des hélicoptères “Gazelle” au marché noir

Une violation flagrante de l’ambargo sur les armes en Libye a récemment fait surface. Le site italien Analisi Difesa rapporte qu’au moins quatre hélicoptères de type Aérospatiale SA 341/342 Gazelle, construits en France, ont été exportés de l’Afrique du Sud vers la Libye pour le compte de la force du maréchal Khalifa Haftar et l’Armée nationale libyenne (LNA). analisidifesa.it

Selon l’article d’Analisi Difesa, ces hélicoptères « ont été exportés silencieusement » depuis l’aéroport de Lanseria International Airport, près de Johannesburg, ces derniers mois, à bord de vols charter en direction apparente de la ville portuaire de Benghazi. analisidifesa.it Le rédacteur-en-chef de la revue African Defence Review, Darren Olivier, a confirmé le transfert mais a souligné que « il n’est pas clair si les contrôles à l’exportation s’appliquaient aux appareils ou si les avions de transport avaient leurs transpondeurs désactivés ». analisidifesa.it

Des plans de vol obtenus par le journal sud-africain Rapport indiquent que les Gazelle ont quitté l’Afrique du Sud au cours des deux derniers mois, avec escale à Nairobi pour ravitaillement, puis destination apparente Amman (Jordanie) avant la Libye. Le dernier vol repéré impliquait un avion cargo de type Ilyushin IL‑76 exploité par la société biélorusse Trans Avia Export Airlines, parti de Lanseria le 18 septembre 2025. analisidifesa.it

Les hélicoptères en question étaient initialement des lotis de l’armée britannique ; après retrait, ils auraient été « smilitarisés », transférés en Afrique du Sud, immatriculés comme civils, puis revendus à la LNA. analisidifesa.it L’article précise que certains de ces Gazelle ont subi un retour à configuration « combattante », avec blindage et installation de mitrailleuses latérales, et ont été employés par des contractors sud-africains lors d’opérations au Mozambique. analisidifesa.it Lors d’un survol à Benghazi, deux semaines avant la publication, les hélicoptères ont été repérés avec des matricules sud-africaines cachées sous des adhésifs à la couleur de la Libye mais reconnus à leurs peintures distinctives. analisidifesa.it

Du côté sud-africain, le ministère des Transports (DoT) aurait « revue tous les vols d’IL-76 de cette année » pour vérifier s’ils ont participé à ce type de transport. L’Autorité sud-africaine de gestion des frontières (BMA) a préféré ne pas commenter. analisidifesa.it

Darren Olivier rappelle que la Libye reste sous un « embargo » des Nations Unies sur les armes, avec seulement des exceptions très encadrées. Il évoque le fait que bien que ces hélicoptères aient été « civils/smilitarisés », le fait qu’ils soient armés à l’arrivée et destinés à une force en conflit pourrait constituer une violation. analisidifesa.it Il ajoute que l’enregistrement civil des appareils en Afrique du Sud les place à l’écart de la régulation du comité national sur les armes conventionnelles (NCACC) et qu’aucun certificat d’utilisateur final (end-user certificate) n’a été requis — ce qui pourrait indiquer une exploitation d’une faille. analisidifesa.it

Enfin, l’article souligne que cette transaction ne constitue pas un cas isolé. La LNA bénéficierait déjà d’un soutien militaire via plusieurs pays (notamment la Russie, la Biélorussie, les Émirats arabes unis, l’Égypte) et s’efforce d’accroître ses capacités aériennes. analisidifesa.it

Cette affaire révèle comment, dans un contexte de conflit prolongé et de sanctions internationales, il reste possible d’acheminer discrètement des équipements militaires via des chaînes d’exportation complexes. Pour la Libye, la livraison de ces hélicoptères marque un nouveau tournant dans les capacités de l’armée de Haftar. Pour la communauté internationale, elle relance la question de l’efficacité des embargos, de la traçabilité des équipements et de la responsabilité des États et entreprises intermédiaires.

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