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Vers un nouveau chemin pour l’industrie militaire algérienne?

A l’occasion des cérémonies de célébration du 55 éme anniversaire de l’indépendance nationale, la direction de la communication du Ministère de la Défense algérien a organisé une exposition sur esplanade du Musée de l’armée et du Monument des Martyrs sous la thématique de la production nationale.

Ce genre d’exposition est organisé de manière cyclique depuis 2014 et si elles impressionnaient le badaud elles avaient tendance à agacer les spécialistes à cause du flou entourant les projets et leur valeur technologique et industrielle.

Sana entrer dans le détails, il n’a jamais été clair si les différents montages industriels, parfois impliquant une tierce partie, étaient toujours utiles, rentables ou contribuaient à l’industrialisation du pays. Ni même si le choix des partenaires se faisais après un appel d’offre ou une consultation ouverte, surtout que le nombre d’entreprises internationales désirant s’installer et transférer de la technologie en Algérie est beaucoup plus élevé que l’on puisse penser. Le pire enfin étant l’absence totale d’engineering local dans ce processus d’industrialisation.

Ces différents constats étaient à nos yeux valables jusqu’à l’exposition d’aujourd’hui qui a permis de constater l’implication de plus en plus grande des centres ingénierie de l’armée que sont la BCL (Base Centrale Logistique), l’ERMA (Etablissement de Réparation et de Modernisation Auto), pour répondre aux besoins généraux et spécifiques  de la direction centrale du matériel.

Cette exposition a été l’occasion de dévoiler quelques réalisations intéressantes et de nous parler d’autres qui n’ont pas été présentées.

D’abord l’étonnante adaptation du canon antichars MT12 sur un camion 6×6 Zetros, monté en Algérie. Cette adaptation du canon antichar soviétique 2A29 sur un vecteur ultra manoeuvrant comme le Zetros, permet de déployer le canon de 100mm sur les terrains les plus difficiles et à grande vitesse, ce qui était jusque là impossible, le MT12 était généralement utilisé pour renforcer des positions fixes.

Le canon, doté d’un système de visée infra-rouge russe APN-6, est posé sur un châssis indépendant de celui du Zetros et repose sur son vecteur par l’entremise de silentblocs, le tout étant stabilisé par deux vérins hydrauliques. Le véhicule est doté d’une centrale inertielle lui permettant un positionnement précis et un partage d’information avec son environnement immédiat et vers son centre C2 via un datalink.

Même si le MT12 semble être désuet et dépassé, il semble que ce prototype servira de proof of concept pour des canons de longueur équivalentes et de poids similaires. Nous pensons aux canons chinois ASH-1 de 155 mm qui sont venu renforcer l’artillerie de l’armée de terre ainsi que l’artillerie côtière.

C’est d’autant plus plausible vu le nombre très réduit ( une dizaine) de MT12 dont dispose l’ANP.

Second prototype dévoilé sur le même châssis Zetros 6×6, celui du canon soviétique D30. Plus abouti et plus léger que le MT12 dispose d’une architecture différente avec quatre vérins rétractables, d’un logement pour 48 obus, d’une commande à distance du canon, d’un système électronique de combat lui permettant de communiquer les informations avec le centre C2. Là aussi le véhicule dispose de la navigation INS grâce à une centrale inertielle qui y est installée. Le tout reste discret et facilement dissimulable sous une bâche.

Le canon D30 reste l’épine dorsale de l’artillerie tractée algérienne et s’il peut paraître dépassé, il reste d’actualité, surtout depuis l’introduction de l’obus à guidage laser Kitolov 2M équivalent du Krasnopol, qui en fait une arme de grande précision à grande portée.

Un second prototype doté d’un système de chargement automatique serait en réalisation.

Il est à noter que dans ces deux cas, c’est la première fois qu’un camion Mercedes Benz Zetros est armé d’un canon d’artillerie.

Une troisième variante, qui n’a pas été exposée comprendrait un système lance roquettes multiples BM21 modernisé, avec un nouveau système de combat électronique et un système de visée permettant d’augmenter la portée et la précision des roquettes, là aussi sur châssis Zetros.

L’autre véhicule Mercedes monté localement et transformé a été un Unimog supportant une batterie anti-aérienne ZU 23, stabilisé par quatre vérins hydrauliques pour garantir une grande précision. Le système est dissimulé par une canopée amovible pour une grande discrétion lors du déploiement.

Le Classe G a aussi subi des modifications avec l’adjonction d’un canon de 12.7 mm DsHk, similaire à celui adapté aux Toyota Land Cruiser. Il n’est pas exclu de voir des modèle avec des mitrailleuses de 14.5 mm et des missiles antichars à guidage laser Kornet, là aussi comme les modifications faites aux 4×4 japonais en service actuellement.

Une version surveillance des frontières sur le châssis Classe G a été présentée, elle est équipée d’un mat téléscopique surmonté d’un équipement électro-optique fabriqué localement par la SCAFSE et des équipements de transmissions Rohde & Schwarz montés localement.

La tourelle téléopérée lance missiles Kornet crée spécifiquement pour le blindé 8×8 BTR60 serait aujourd’hui entrée en service, sa production de série étant entamée.

Une discussion avec de hauts responsables militaires présents sur les lieux nous a permis d’avoir une idée sur les chantiers en cours et qui portent sur la généralisation du blindage à l’ensemble des niveaux, de l’augmentation de la puissance de feu et de la mobilité des systèmes d’armes et de l’intégration des différents vecteurs, y compris ceux qui sont en cours de modernisation dans des systèmes de combats intégrés. Le tout suivant les concepts des bureaux d’études locaux et une intégration locale ouverte aux secteurs publics et privés.

D’autres établissements dépendant de la Direction des Fabrications Militaires (DFM) ont exposé leurs réalisations. L’ECMK qui produit des armes légères a présenté sa variante modernisée de l’AKM et dérivés. En remplaçant le bois par des polymères, l’entreprise a pu alléger l’arme de quelque centaines de grammes, d’améliorer son ergonomie et surtout de tripler sa productivité.

L’autre nouveauté présentée par l’EATIT qui fabrique les textiles militaires est le nouveau pattern destiné aux Fusiller Marins. Pour le reste rien de nouveau est à signaler.

Cette exposition qui dure jusqu’au 10 culminera le 5 juillet, fête de l’indépendance, avec des démonstrations de saut en parachute, d’arts martiaux et un exercice de sauvetage héliporté.

 

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