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Qui a tué le Président tchadien et comment?

La question parait naïve mais une demi journée après la mort, à la suite de blessures, du Président Tchadien et Maréchal, Idriss Deby Itno, très peu d’informations ont filtré sur les circonstances de l’incident, le lieu, les auteurs et le déroulé des événements sont resté un mystère.

Dans le communiqué officiel lu ce matin à la télévision tchadienne. “Le président de la république, chef de l’État, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad”, avait annoncé le porte-parole de l’armée tchadienne, le général Azem Bermandoa Agouna. Hormis la mention vague de blessure sur le front, le communiqué n’a pas évoqué l’endroit ni même les auteurs, même si ce même général était en charge d’annoncer, les jours précédents, les victoires militaires contre les rebelles du FACT dans les médias.

Selon les informations que l’on a pu recueillir, le Président Deby a été leurré par la bataille qui a permis de stopper une colonne de véhicules du FACT samedi dernier. Le bilan lourd (300 combattants tués selon l’armée tchadienne) a probablement conforté Idriss Deby à l’idée de rendre visite aux troupes sur les lieux, dans la région du Nord Kanem, bien au Sud du massif frontalier avec la Libye le Tibesti d’où est parti la rébellion, le Nord Kanem étant à environs 300 Km de la capitale N’djaména.

«Les forces de défense et de sécurité ont complètement détruit la colonne de rebelles qui s’est aventurée dans le Nord-Kanem», avait affirmé le général Azem Bermandoa Agouna. «Le ratissage continue pour récupérer les derniers fuyards», avait-il précisé samedi.

On nous a expliqué que suite à cette bataille, il y a eu un cessez-le-feu informel avec possibilité de discussion entre les deux parties. Le choix du lieu de la rencontre s’est été Mao, à 240 km au Nord de la capitale. La réunion qui a eu lieu au matin est tendue, sont présents le Président Déby, plusieurs officiers d’Etat-major et les autorités de la région, face à eux des commandants du FACT. Le ton monte et des coups de feu fusent. La réunion se transforme en accrochage, Idriss Déby Itno est gravement blessé, il décédera plus tard durant son évacuation vers N’Djaména, quatre généraux perdent la vie à ses côtés.

Qui sont les rebelles du FACT?

Ils ont profité de l’élection présidentielle au Tchad, le 11 avril dernier, pour traverser la frontière à partir du Sud Libyen et foncer vers N’Djaména. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, est une organisation politico militaire née en Libye en 2016. Il est composé pour la plupart de membres de l’ethnie toubou-gorane, à laquelle appartient l’ancien président Hissène Habré. Une ethnie puissante occupant le massif du Tibesti, le Centre-Sud libyen et le Nord du Niger.Un groupe de population assez proche aussi de celui auquel appartient la famille d’Idriss Déby qui est un Béri du Nord Est du Tchad.

Créé en avril 2016 par Mahamat Mahdi Ali après scission de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) d’Idriss Déby Itno, le groupe part s’installer en Libye, où ses hommes participent aux batailles aux côtés des forces de Misrata, à la fois contre l’Etat islamique qui venait de s’établir à Sirte et contre l’opération Karama de l’armée du général (à l’époque) Khalifa Haftar.

Mahamat Mahdi Ali fondateur du FACT

Un an plus tard ils s’illustrent aux côtés des Brigades de défense de Benghazi qui résistent vainement à l’opération dignité de Haftar. Ils seront finalement contraints par ce dernier de rejoindre ses rangs et seront stationnés dans les environs de la base aérienne d’al Jufrah.

En mars 2017, le groupe rebelle va prêter main-forte aux Brigades de défense de Benghazi, un groupe anti-Haftar.

Au printemps de la même année, sous la pression militaire de l’Armée nationale libyenne (ANL), le FACT est contraint de se rapprocher du maréchal Haftar et conclut un pacte tacite de non-agression avant d’être autorisé à stationner dans le district d’Al Djoufrah.

Cette proximité avec l’Armée nationale libyenne du Maréchal Haftar se traduit dans la qualité des équipements utilisés lors de l’offensive du 11 avril. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux on pouvait voir un MRAP Pantera T6 de MSPV, fourni par les Emirats Arabes Unis à la LNA, aux mains des rebelles du FACT au Tchad, ainsi que de nombreux autres véhicules et équipements, ce qui ne laisse pas de doutes sur l’appuie du Maréchal libyen à l’offensive vers N’Djamena.

Reste à savoir maintenant si cette rébellion pourra faire tomber le fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, qui s’est arrogé la succession au pouvoir en faisant une entorse à la procédure constitutionnelle qui prévoit une transition rapide et l’organisation d’élections présidentielles. Pour rappel, Mahamat Idriss Déby, 37 ans, était à la tête des services secrets tchadiens et de la garde présidentielle.

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